La vraie liberté
Guido
Au cours de l’été 2025, j’ai eu l’occasion de lire l’ouvrage d’Adrien Candiard, dominicain vivant au couvent du Caire, intitulé « À Philémon, réflexions sur la liberté chrétienne ». Cet ouvrage, qui m’a été prêté par une sœur de l’église, a reçu le prix de la liberté intérieure en 2019. Il aborde des sujets majeurs de l’évangile de Jésus-Christ, notamment la libération acquise en Christ.
Un esclave en fuite découvre la vraie liberté
Le livre du Nouveau Testament dédié à la liberté chrétienne est sans aucun doute la lettre de l’apôtre Paul à Philémon, où il lui recommande d’assurer un accueil fraternel à l’esclave qui s’était enfui de sa maison. Elle se situe au début des années cinquante du 1er siècle de notre ère.
Lorsque Paul a écrit cette lettre à Philémon, il était déjà une autorité reconnue pour les chrétiens d’Asie mineure. Il avait connu Philémon, lors des missions d’implantation d’églises.
À Colosses, c’est dans la maison de Philémon que les chrétiens se réunissaient régulièrement. À cette époque, Paul était en prison en raison de sa foi, mais il pouvait recevoir des visites. Un jour, il reçut la visite d’Onésime, un esclave qui s’était enfui de chez Philémon, avec sans doute quelques biens dérobés.
Dans l’empire romain, la vie d’un esclave en fuite était une dangereuse partie de cache-cache. En effet l’esclave retrouvé subissait des punitions d’une extrême cruauté, allant jusqu’à la mort sur la croix. Lors de sa fuite, Onésime devait se demander où trouver refuge. Il avait sans doute connu Paul lorsque ce dernier se trouvait chez Philémon, et cherchait sans doute une forme de soutien auprès de Paul. Onésime avait sans aucun doute une image positive de Paul : «amour fraternel, bonté, actes en accord avec le discours, …».
Onésime et Paul se lièrent d’amitié, malgré tout ce qui les séparait. Paul partageait avec Onésime ce qu’il avait de plus cher : « l’amour de Dieu, le salut en Jésus, la vie éternelle». Et voilà qu’Onésime découvrit auprès de Paul une liberté bien plus grande que celle à laquelle il aspirait en quittant sa condition d’esclavage chez son maître Philémon.
Ce que l'apôtre Paul avait compris
Pour comprendre ce que Paul écrit à Philémon, il faut revenir à la nouvelle naissance de Paul sur le chemin de Damas. Paul était un docteur de la loi de Dieu révélée à Moïse, qui comportait 613 commandements, dont 365 interdictions, la plus connue étant «Tu ne tueras point». Autant d’interdictions que de jours dans l’année ! Et Paul de constater : «Vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir; je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas» (Romains 7:18-19).
Son expérience sur le chemin de Damas lui ouvrit les yeux sur son rôle de persécuteur de Jésus et sur la vraie liberté offerte uniquement par grâce. Ce jour-là, Paul fut saisi par l’amour de Dieu, à la pensée qu’un seul soit mort pour tous. Jusqu’à cette rencontre décisive, Paul avait cherché par ses propres forces à mériter l’amour de Dieu ; voilà qu’il se sentait aimé, accueilli, pardonné sans mérite aucun. Le voilà devenu une nouvelle créature, libérée de ses efforts incessants pour être accepté et reconnu, et persuadé que cette libération était accessible à quiconque accepterait le salut offert en Christ.
C’est de cette libération que Paul était devenu ambassadeur, quitte à traverser les mers, à risquer les naufrages, les arrestations, les flagellations publiques. La libération intérieure qu’il avait vécue était plus grande que tout cela. Quand il prêcha l’Évangile à Philémon, il n’avait rien d’autre à lui annoncer que ce qu’il avait lui-même vécu: sa propre libération.
La vraie liberté offerte en Christ
La liberté acquise en Christ est une libération intérieure qui transforme les relations humaines. Paul Claudel, poète et académicien français, a exprimé cette idée en disant : «Heureusement qu’il y a Jésus-Christ qui nous a libérés de la morale ».
La vraie liberté offerte en Christ est une transformation intérieure, qui change radicalement la vie des croyants et leurs relations avec les autres. En ayant découvert cette libération, Onésime et Philémon pouvaient vivre ensemble une relation et une mission nouvelle: devenir tous deux et ensemble des ambassadeurs de l’amour de Christ autour d’eux.