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Le vacarme numérique et le murmure divin

Marc

Jamais l’humanité n’a été aussi connectée, et pourtant si déconnectée...

En 2025, des études montrent que le temps moyen passé sur les écrans, en particulier les téléphones, par les Français dépasse 4h30 par jour hors travail, soit plus de 30% du temps d’éveil!

Cet excès d’écran est responsable, notamment chez les plus jeunes, de troubles visuels, de troubles posturaux, de retard de développement, de fatigue et d’isolement. Auparavant, j’entendais les patients discuter de tout et de rien en salle d’attente. Désormais, ils sont tous passifs sur leurs chaises, penchés sur leurs smartphones en faisant défiler des vidéos, des «shorts» par centaines, sans se rendre compte de ce qui les entoure, parfois en faisant profiter tout le monde des musiques et des bruits de ce qu’ils regardent.

Ce bruit du monde numérique nous empêche souvent d’entendre la voix de Dieu.

Le bruit n’est pas seulement sonore. Il est aussi mental, émotionnel, spirituel.

C’est le flot incessant de notifications, de vidéos, de messages, de contenus éphémères, de sollicitations constantes, qui est source de distractions. C’est ce qui nous empêche de prier, de réfléchir, d’écouter. Et parfois, ce bruit devient une barrière entre nous et Dieu.

EditoSilenceDans ce tumulte, une question se pose : où est la voix de Dieu? Et Dieu nous répond au travers du Psaumes 46:11 : «Arrêtez, et sachez que je suis Dieu.»

Dietrich Bonhoeffer, théologien allemand durant la seconde guerre mondiale, disait: «Nous devons être prêts à nous laisser interrompre par Dieu.» Mais comment Dieu peut-il nous interrompre si nous ne lui laissons aucun espace? Si chaque moment de vide est comblé par un écran, une vidéo, une musique, une distraction? L’addiction numérique devient une forme d’idolâtrie: nous consultons nos téléphones plus souvent que notre Bible, nous cherchons des réponses dans Google plus que dans la prière.

Le silence habité

Jésus, au cœur de son ministère, cherchait le silence. Il se retirait dans des lieux déserts pour prier. Il quittait parfois les foules pour retrouver le Père. Ce n’était pas une fuite, mais une discipline spirituelle. Ceci est illustré dans Marc 1:35, où après avoir passé une journée à guérir des malades et chasser des démons, “[Jésus] se leva, sortit, et alla dans un lieu désert, où il pria.”

Il choisit le désert, non pour fuir les hommes, mais pour se recentrer sur Dieu. Le silence n’est pas vide. Il est habité. Il est le lieu où Dieu parle, où l’Esprit souffle, où notre âme se réveille. Le prophète Élie ne trouve pas Dieu dans le vent, le feu ou le tremblement de terre, mais dans un murmure doux et léger (1Rois 19:11-12). Ce passage nous enseigne que Dieu ne crie pas pour se faire entendre. Il parle à ceux qui prennent le temps de l’écouter. Le silence devient alors un acte de foi, une posture d’attente, une ouverture à la voix divine.

L’Église est appelée à être parfois un sanctuaire de silence, un lieu où l’on réapprend à laisser un silence pour entendre Dieu. Ceci peut se faire par le jeûne numérique, par les moments de silence et de méditation dans les cultes. Dieu ne crie pas pour se faire entendre. Il murmure. Et ce murmure ne peut être perçu que par ceux qui choisissent de se retirer du bruit. Dans un monde saturé, le silence devient un chemin vers la paix, vers la présence de Dieu. Éteignons nos téléphones portables et soyons prêts à dire comme Samuel : «Parle, Éternel, car ton serviteur écoute» (1 Samuel 3:10).