Veux-tu être guéri ? (Jn 5:6)
Éric BRICHEUX
C'est la question surprenante que Jésus pose à un homme couché par la maladie sur les bords de la piscine de Béthesda à Jérusalem. Cela fait 38 ans que cet homme est alité et souffre, et Jésus le sait. Sa question nous semble au mieux inutile, au pire stupide et provocatrice. Tout malade veut être guéri ; c'est la logique et le bon sens même. À moins que Jésus n'ait voulu dire, comme pour les deux aveugles dans Matthieu 9:28, "Crois-tu que j'ai le pouvoir de te guérir ?", ou encore "as-tu assez de volonté et de foi pour penser que ta situation peut changer ou es-tu résigné au point d'avoir perdu tout espoir ?", ou encore : "finalement, t'accommodes-tu de cette situation au point de l'accepter sans vouloir la changer ?"...
L'homme ne répond pas à la question de Jésus, mais relève l'impossibilité de guérison, l'impasse dans laquelle il se trouve : "je n'ai personne pour me plonger dans la piscine et le temps que je me traîne là-bas un autre y arrive avant moi."
Jésus va guérir cet homme qui met l'accent sur l'impossibilité humaine plutôt que sur la possibilité divine. Il a sans doute discerné en lui une étincelle de foi qui n'ose même pas être verbalisée. Et si nous prenions la question de Jésus pour nous-mêmes? Veux-tu être guéri ?
Ah oui bien sûr, mais au fait de quoi d'ailleurs ? Ne suis-je pas bien ainsi ?
Qu'en-t-il du péché, maladie de l'âme par excellence, dans notre vie ? Sommes-nous sourds à la voix de l'Esprit en nous, sur un péché certain ou sur certains péchés, au point de ne pas voir la nécessité de nous repentir et de changer ?
Sommes-nous aveugles quant à la réalité du péché, de ses dégâts dans notre vie au point de tolérer un "péché mignon" ? D'ailleurs, comment appeler "mignon" ce que Dieu considère comme laid ?
Une des stratégies de l'ennemi est de nous faire croire que le péché n'est pas grave, n'est pas néfaste, et même qu'il est bon pour nous, et que Dieu veut nous priver. Cela a marché dans le jardin d'Éden, et cela marche bien souvent dans ma vie quand je refuse de prendre Dieu au mot, et que je trouve un certain péché "acceptable" voire "bénéfique."
Sommes-nous découragés après des années de vie chrétienne minées par un péché tenace et récurrent au point d'avoir baissé les bras et sombré dans le fatalisme ?
Relevons notre tête. Dieu veut et peut encore nous guérir. Et il nous encourage à le croire : « Or, à celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au delà de tout ce que nous demandons ou pensons. » (Ephésiens 3 : 20).
Que Dieu m'aide, nous aide à réaliser toute la laideur du péché et qu'il nous en donne la haine (cette haine-là est permise).
Que Dieu nous aide à ne pas faire de compromis et à ne pas nous appuyer sur nos propres forces pour vaincre le péché.
Que Dieu nous donne pleinement le "vouloir et le pouvoir" de vivre par l'Esprit afin de ne pas "obéir aux désirs qui animent l'homme livré à lui-même" (Galates 5:16).