Jonathan SAVIN
Face à la Violence
Conjugale, verbale, terroriste, militaire… À l’heure où j’écris ces lignes (le 22 septembre), je suis frappé par la violence qui se déchaîne, à tous les niveaux. En France, la violence conjugale d’un député a fait la « une » de nos journaux – mais combien de cas similaires « anonymes » restent ignorés ou tolérés ? Puis ce sont les violences verbales des politiques de tous bords qui se sont engouffrés dans cette bulle médiatique, pour paraître plus vertueux que leurs concurrents. À l’est de l’Europe, le président Russe s’apprête à annexer plusieurs régions d’Ukraine – un comble pour celui qui prétend vouloir dénazifier ce pays, mais qui agit exactement comme Hitler en 1938 avec l’Autriche, les Sudètes et la Tchécoslovaquie…
La violence n’est pas absente de la Bible. Au contraire ! Elle contient des récits de guerres, de trahisons, de détresse. Plusieurs auteurs de la Bible ont crié leur tristesse, leur colère et leur incompréhension. « J'ai crié vers toi pour dénoncer la violence, mais tu ne secours pas ! Pourquoi l’oppression et la violence sont-elles devant moi ? » (Hab 1 : 2-3). « Je dénonce la violence dont je suis victime et personne ne répond, j’appelle au secours et il n’y a personne pour me rendre justice ! » (Job 19 : 7). Alors des idées radicales peuvent venir à l’esprit : « Sème la confusion, Seigneur, brouille le langage [de l’ennemi et du méchant], car je ne vois dans la ville que violence et querelles. [...] Que la mort les surprenne, qu’ils descendent vivants au séjour des morts, car la méchanceté est dans leur demeure, elle est dans leur cœur ! » (Ps 55 : 10, 16).
Que faire face à toute cette violence ?
D’abord, ne pas y répondre par la violence : ce ne serait qu’un cercle sans fin : « Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : c’est à moi qu’appartient la vengeance, c’est moi qui donnerai à chacun ce qu’il mérite, dit le Seigneur » (Rm 12:19).
Ensuite, nous engager : « recherchez la justice, protégez l'opprimé, faites droit à l'orphelin, défendez la veuve » (És 1 : 17). Donc l’action personnelle et citoyenne a tout son sens pour dénoncer, atténuer et corriger, si possible, les conséquences de la violence : contacts à nos autorités, engagement associatif, etc.
Et puis bien sûr, la prière. On l’a vu, l’Ancien Testament contient les prières de croyants fidèles qui voulaient attirer l’attention de Dieu sur des injustices et la violence. Dieu a ainsi répondu à Habacuc qu’Il était déjà à l’œuvre : « si même il faut attendre que vienne l’Éternel, attends-le patiemment, car il vient sûrement, il ne tardera pas » (Hab 2 : 3). Et Jésus invite à aller encore plus loin dans la prière : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent » (Mt 5:44). Paul écrira aussi : « bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas » (Rm 12 : 14).
Alors, si nous prenions pour nous même ces défis pour le mois d’octobre ? Puis-je vous proposer une « cause » qui, à l’heure où j’écris ces lignes, est encore totalement « sous les radars », passée sous silence ? Je relaye les mots de Pascal Portoukalian, un chrétien français installé depuis peu en Arménie.
« L’Arménie est un îlot démocratique dans une région au carrefour de l’Europe, de l’Asie et du Moyen-Orient, qui continue d’exister après 3.000 ans d’une histoire mouvementée. […] Les 13 et 14 septembre 2022, l’Azerbaïdjan voisin, lourdement armé et emmené par un dirigeant autoritaire, envahissait le sud et l’est du pays, faisant plus de 200 morts arméniens en deux jours, avec l’ambition d’annexer une partie (sinon plus) du territoire souverain de l’Arménie. […] Dans la foulée, la Turquie, alliée de l’Azerbaïdjan, a avancé plusieurs milliers de militaires [...] à sa frontière avec l’Arménie. L’Iran, qui détient une frontière de 50 km avec l’Arménie, aurait positionné une centaine d’équipements militaires. […] Aussi, je veux te demander avec foi, pendant les prochains jours, de prier pour la paix et pour les dirigeants des nations qui détiennent les clés de ce conflit »1.